[EVENT] Icy night - Juggie

Cela faisait au moins une heure que Betty préparait son sac à dos, se demandant bien ce qu'elle allait pouvoir emmener pour la nuit. Une fois entrée là-bas, la blonde savait pertinemment qu'on ne la laisserait plus sortir jusqu'au lendemain matin, et elle ne pouvait se permettre d'oublier quoi-que ce soit. « Betty, nous allons être en retard ! » Rugit son père en bas de l'escalier, ce qui l'obligea à se dépêcher. La jeune-femme finit par descendre, incertaine, avant de rejoindre la voiture familiale, qui lui semblait bien vide et insignifiante sans Polly. Elle se demandait pourquoi sa mère ne la laissait pas lui rendre visite, sachant bien que cela lui ferait sûrement du bien, de voir sa famille. Betty avait l'impression de l'abandonner, et cette sensation lui était tout bonnement insupportable. Ce fut la voix de sa mère qui la sortit de sa rêverie. « À quoi penses-tu, ma chérie ? » Demanda-t-elle, la mine inquiète, mais le regard comme à son habitude d'une froideur écrasante. La concernée hésita un instant avant de répondre « Je me demandais si, on pouvait aller rendre visite à Polly. Elle doit furieusement se sentir seule dans cet endroit, et puis ça fait longtemps maintenant qu'elle y est. » Se risqua-t-elle, regrettant bien assez vite ses paroles lorsqu'elle vit que son père s'était crispé sur le volant. « Nous avons déjà eu cette discussion. » Lâcha-t-elle simplement, et la blonde haussa les épaules, consciente qu'ils continueraient à s'enterrer dans leurs mensonges quoi qu'elle fasse.  

Betty sortit de la voiture à la hâte, attendant ses parents pour rejoindre la mairie. L'endroit était bondé, et cette tempête de neige lui gelait littéralement les jambes. La route avait été rude, mais malgré que son père soit des plus tendus en ce moment, ils y étaient arrivés en un seul morceau. Une fois à l'intérieur, ils durent s'enregistrer à l'accueil, et ce fut avec une pointe de soulagement, qu'elle constata que sa couchette n'était point à côté de ses parents. C'était probablement une erreur informatique, ou tout simplement une réponse à ses prières. Sa mère piqua un scandale, et Betty crut en cet instant mourir de honte. Mais bien heureusement, son père réussit à la résonner. « N'oublie pas tes cachets pour la tension, et si tu as besoin de quoi-que ce soit, nous ne sommes pas loin. » Elle déposa un baiser sur son front visiblement très inquiète, alors que Betty la trouvait simplement étouffante. « Ça va aller, on se voit tout à l'heure. » Répondit-elle désintéressée, avant d'aller à la recherche de la couchette 87. Fort heureusement, la blonde savait se repérer, et elle trouva l'endroit bien assez vite. Betty entra dans un box de fortune, y trouvant deux lits, et elle constata qu'elle serait contrainte de vivre en communauté. Tout ce qu'elle espérait était que ce ne soit pas avec un tueur en série. La jeune femme posa son sac bien trop chargé sur le lit, et s'assit quelques instant, soupirant de lassitude.  

Betty finit par se lever, ayant scruter l'endroit de long en large et en travers, non sans un soupir d'exaspération. Pourquoi avaient-ils décidés de suivre ce stupide protocole, déjà ? Probablement parce-que ses parents étaient incapables de se révolter, et de fuir les conventions imposées. Un autre soupir, et elle se décida à défaire son sac rageusement, étouffant déjà dans cet endroit bien trop confiné. Tellement absorbée par ses fulminations, la blonde ne remarqua à peine la personne qui venait de pénétrer les lieux, sursautant à l'entente de cette voix familière. « Hey ! » Un sourire se dessina sur ses lèvres en voyant Jughead, et cela bien malgré-elle. Ils ne s'étaient plus réellement parlés depuis le collège, et avaient tous les deux suivis des chemins différents. Leur amitié avait pris le large, et c'était peut-être pour cela, qu'un silence gênant s'était installé. La blonde termina de défaire ses affaires en silence, tandis qu'elle le regarda du coin de l’œil, quand il sortit un instant de leur prison. Betty fronça cependant le nez, lorsqu'on vint leur apporter leurs plateaux repas, heureuse d'avoir penser à apporter de vivres dans son sac. La blonde s'assit en tailleur sur son lit, et grimaça légèrement devant le plat, mais commença tout de même à manger sans réel intérêt. Son océan se posa de nouveau sur le brun, qui pénétra sans grande conviction dans leur logis de fortune, semblant visiblement tout aussi ravi qu'elle. Allaient-ils passer toute la soirée sans se parler ? Connaissant Betty, elle savait que ce serait une véritable torture. D'autant plus que, dans le fond, elle n'avait jamais cessé de l'apprécier.

Fronçant les sourcils une nouvelle fois devant son assiette, son regard finit par se poser sur le brun. « Je ne pense pas terminer...tu en veux ? » Proposa-t-elle. Elle se souvenait qu'autrefois, elle comparait Jughead  à un chaton, parce-que seule la nourriture réussissait à l'attirer. Ce n'était pas du cinq étoiles, mais ce n'était pas non plus catastrophique, lorsqu'on savait que beaucoup mourraient de faim. Seulement, la blonde avait envie de bonbons, et comme sa mère n'était pas là pour la sermonner, elle ne se gênerait sûrement pas pour en profiter. Betty fouilla un instant dans sa valise, pour en sortir les douceurs qu'elle avait volé dans le placard, ayant probablement tout dévalisé chez-elle. « À ce qu'il paraît, le froid ça donne faim. » Dit-elle en hochant la tête vivement, comme pour se déculpabiliser de sa faiblesse. « Sers-toi, si tu veux. » Termina Betty, en posant tout son bazar sur le lit. Sa mère la tuerait sûrement si elle la voyait, mais pour l'heure, elle en était débarrassée. Ce moment lui rappelait quelques souvenirs d'enfance, quand elle partageait autrefois ses cookies avec Jughead, quand bien sûr, personne ne les lui volait.  

Betty leva les yeux au ciel, en constatant que sa mère lui avait déjà envoyé un message. Dans le fond, elle ne pouvait l'en blâmer, d'être aussi inquiète. Elle savait que si un jour elle avait des enfants, elle le serait aussi constamment. Ce fut dans cette optique, que la jeune-femme se radoucit, et qu'elle répondit à sa très chère mère pour la rassurer, se gardant bien de dire qui était son compagnon de chambré. Non pas qu'elle ait quoi-que ce soit contre Jughead, mais le fait qu'elle puisse partager « la couchette » avec un être du sexe opposé suffirait sûrement à la rendre complètement folle. Betty secoua légèrement la tête et toisa son compagnon, ne pouvant s'empêcher de sourire, lorsqu'il se jeta littéralement sur ses bonbons. À ce train là, elle savait que ses vivres ne tiendraient pas très longtemps, mais peu-importe. Peu-importe, parce-que dans le fond ça lui faisait plaisir, de le voir ainsi, s'ouvrir un minimum aux autres ; il avait changé. Il avait changé, et pas seulement mentalement, et ses traits bien que toujours enfantins, semblaient noircis par le regard d'un homme qui n'avait probablement que trop vécu. Mais elle aussi avait changé, et elle le savait bien.

La blonde fouilla de nouveau dans son sac, et elle put constater que sa mère lui avait mi un nombre incalculable de couvertures. « Hum...tu veux une couverture peut-être ? Enfin...les couleurs ne sont pas très viriles, mais ça aura au moins le mérite de te tenir chaud. » Demanda-t-elle, sachant bien que ce qu'ils leur avaient donné ne serait pas vraiment suffisant pour la nuit. Elle pensait d'ailleurs à aller voir leurs voisins, pour demander s'ils en voulaient aussi. Elle attrapa un gilet, et le mit autour de ses épaules, commençant sérieusement à geler. Betty ne put cependant s'empêcher de sourire à l'entente de ses paroles, sachant pertinemment que tout prétexte était bon, pour manger. « Je suis bien d'accord, et l'ennui aussi. » Tint-elle à ajouter, se parfaitement. Betty enfourna quelques bonbons dans sa bouche, laissant un court instant de silence. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle allait devoir passer sa nuit ici, bien que passer du temps loin de sa famille lui ferait sûrement le plus grand bien. « Comment va Jellybean ? Tu la vois souvent ? » Demanda-t-elle tout naturellement, se rendant compte bien après coup de la bêtise de ses paroles, rougissant violemment. « Enfin...t'es pas obligé d'en parler, si tu ne veux pas. » Préféra-t-elle ajouter, en secouant les mains, visiblement confuse ; quelle nouille.

Il faisait froid, et bien qu'elle adore la neige, elle espérait que cette tempête se terminerait bientôt. Pour cause, elle n'avait même pas pu en profiter, celle-ci demeurant bien trop forte. Ce fut pour cela, qu'elle enfila un gilet en plus, se sentant bien rapidement à son aise. Les conditions étaient loin d'êtres idéales, mais pour autant, elle ne pouvait s'empêcher de se dire que ce demeurait un mal pour un bien. La compagnie de Jughead ne lui était pas du tout désagréable, et bien que leurs relations soient au point mort depuis leur entrée au lycée, Betty ne pouvait s'empêcher d'éprouver un sentiment d'amertume à cette idée. Elle se demandait quand les choses avaient commencé à déraper entre eux, ni pourquoi, du jour au lendemain, ils s'étaient détournés l'un de l'autre. La blonde savait qu'elle en était en partie responsable, et ça la peinait beaucoup, pour ainsi dire. Mais était-il encore possible de rattraper le temps perdu ? Certainement pas, mais elle s'y efforcerait. D'autant plus que le brun semblait s'être réconcilié avec Archie, et bien que leurs rapports demeurent des plus compliqués ces derniers temps, ça l'aiderait sûrement à renouer quelques liens avec son ancien ami. Betty ne put s'empêcher d'éclater de rire, à l'entente de sa réponse « Promis, ça ne sortira pas d'ici ! » Lâcha-t-elle en levant sa main droite en l'air, sachant à quel point cette couverture n'avait rien de très viril. Betty finit par la lui tendre, espérant ainsi qu'il se sentirait mieux.

La blonde sortit ensuite prendre une douche, et se mettre en pyjama. Elle était exténuée, et les émotions de la journée y étaient vraiment pour quelque-chose. Betty était cependant ravie de la tournure qu'avait pris la soirée, bien qu'elle s'annonçait plutôt tendu, de prime abord. La blonde se mordit la lèvre inférieure, à sa proposition « Je n'osais pas te le demander à vrai dire. À ce que je vois, je ne suis pas la seule à écouter en classe. » Plaisanta-t-elle, en collant son lit au sien. La situation aurait pu lui paraître des plus gênantes, si elle ne lui semblait pas aussi naturelle, en ce moment. Betty ne pourrait jamais retourner dans le passé, mais le retrouver provoquer quelque-chose d'étrange en elle, qu'elle ne saurait réellement expliquer. La blonde secoua légèrement de la tête, avant de s'allonger à côté de Jughead, regardant le plafond pensivement. Elle tourna cependant son visage, et plongea son océan dans le sien, lorsqu'il répondit à sa question. « Je suis contente qu'elle va bien, elle doit avoir sacrément grandi. » Dit-elle, un sourire se dessinant sur ses lèvres, en repensant à la petite-fille qu'elle avait quitté, qui devait sûrement être une jeune-fille à présent. « Pourquoi n'es-tu pas resté avec eux ? » Demanda-t-elle innocemment, se demandant pourquoi il n'était tout simplement pas resté avec son père.