MILO ♦ I swear, i'll be nice.

I swear, I’ll be nice

Sortir, prendre l’air, retrouver la civilisation. C’était ses objectifs premiers depuis qu’il était rentré à la maison. Même si ce n’était clairement pas quelque chose de simple à faire tous les jours. Sans parler qu’il y avait quelques endroits de la ville qu’il préférait éviter. Du genre le lycée, alors qu’il pourrait passer y chercher son frère. Le parc aussi, il évitait d’y aller. Le centre commercial, tous ces endroits-là. Tous ces endroits où il était déjà allé avec elle. Et vu le temps qu’ils étaient restés ensemble avant sa mort, il y en avait pas mal. Pratiquement toute la ville. Il savait pourtant qu’il allait bien falloir qu’il passe à côté de ça et qu’il affronte son angoisse de ces lieux. Mais il n’était pas encore prêt. Et ses médecins lui avaient bien dis qu’il devait prendre son temps et ne pas se forcer. C’était le meilleur moyen pour rechuter ? Est-ce qu’il en avait envie ? Non pas tellement. Il avait, étrangement, envie de vivre. Ou tout du moins d’essayer. Il n’avait pas fait tous ces efforts pendant deux ans pour rien. Et puis, il devait bien ça à sa famille. A sa mère surtout, qui s’était inquiétée beaucoup trop pendant beaucoup trop de temps.

Alors il sortait. Pas longtemps en général, un petit quart d’heure, juste assez de temps pour faire un petit tour du quartier, et prendre l’air, en fait. Peut-être qu’il devrait adopter un chien d’ailleurs, ça pourrait l’aider un peu, il n’y avait pas pensé. Mais pour acheter un chien, il fallait de l’argent, et pour de l’argent, il fallait un boulot. Commencer par ça, ce serait déjà pas mal en soit, en fait. Il s’y mettrait, mais demain, pas aujourd’hui, il n’était pas d’humeur. Comme il n’était pas forcément d’humeur pour se faire interpeller de cette façon en pleine rue alors qu’il sortait tout juste de chez lui. C’était le meilleur moyen pour se sentir épier, et il savait déjà que les voisins parlaient sur lui depuis des années, donc bon… C’était clairement pas l’idéal. Il avait quand même relevé les yeux, et s’était arrêté, même s’il n’avait qu’une envie, tracer son chemin et basta. Mais il ne pourrait pas éviter les gens éternellement. Tout le monde savait ce qu’il avait fait, ce n’était un secret pour personne, et il devait l’assumer.

En tout cas, il ne se rappelait pas de ce type, qui pourtant lui, avait l’air de le connaître. Mais en deux ans, les gens changeaient beaucoup, et il lui fallait souvent un peu de temps avant de remettre un nom sur un visage. Mais il s’était déjà présenté, de toute manière. Ça ne restait qu’un vague sourire quand même dans l’esprit du blond. « Ouais, j’ai cinq minutes. » Même si ça ne l’enchantait clairement pas, et qu’il ne comprenait pas pourquoi le jeune homme venait lui parler à lui. Mais il eut bientôt une réponse à ses interrogations, en fait. C’était à propos de Tim, son petit frère, qu’il venait lui parler. Tout est clair. Enfin à peu près. « Il va bien, oui. Mais il doit être prit par ses cours et sa copine. » Milo avait du mal à s’y faire encore que son frère ait une copine, en fait. Pas qu’il trouvait que c’était mal, bien au contraire, il trouvait même ça cool pour lui. Mais ça lui donnait clairement l’impression d’avoir manqué beaucoup trop de choses dans la vie de sa famille, et ce n’était clairement pas agréable à vivre, en fait. « Mais s’il t’évite c’est qu’il a une bonne raison, et c’est pas moi qui vais pouvoir te la donner. » Le jeune homme connaissait bien son petit frère. Il était loin d’être méchant ou mesquin, quand il évitait quelqu’un, ce n’était clairement pas pour rien. Mais voilà, ils ne se racontaient pas tout non plus, sans parler qu’il venait juste de rentrer, donc il était un peu à côté de la plaque, pour l’instant.

I swear, I’ll be nice

Milo n’était pas forcément au courant de tout ce qu’il s’était passé depuis son départ. Disons qu’il connaissait le plus important, et c’était déjà pas mal. En fait, ça lui suffisait surtout largement, il n’avait pas besoin d’en savoir plus. Il n’était pas du tout à se mêler des affaires des autres, encore plus depuis ce qui lui était arrivé. Oh, il savait très bien que tout le quartier avait parlé sur son dos, il n’était pas idiot. Il savait que les gens chuchotaient sur lui sans avoir les couilles de venir le voir pour lui demander exactement ce qu’il s’était passé, qu’il y avait des rumeurs. Et en vérité, il ne leur en voulait pas vraiment, la société était comme ça, il n’y pouvait rien. Alors il se contentait de se mêler de ses affaires à lui, et c’était tout. Il n’était plus non plus aussi sociable qu’il avait pu l’être avant, il n’était tout simplement plus le même. Et ça tout le monde l’avait bien vu, pour ceux qu’il avait pu croiser depuis qu’il était rentré.

Donc non, il n’était pas forcément très enchanté d’avoir à parler avec le voisin, mais bon, ça c’était lui. Et puis, si ce n’était que pour lui demander des nouvelles de Tim… Ok, il voulait bien, ça le dérangeait pas. Même si Castiel semblait pas ravit d’entendre parler de sa copine. Mais c’était pas son problème. « Elle a l’air sympa. » Milo ne l’avait qu’entraperçue pour l’instant, vraiment légèrement, en coup de vent à la maison avec Tim. Elle était mignonne, elle avait l’air gentille, polie, la parfaite petite amie qu’on présentait à ses parents en somme. Et Milo avait été gentil avec elle en retour, parce qu’il savait qu’elle comptait pour son frère. Principe familial. Il avait fait la même chose avec… Son ex. Mauvais souvenir, encore une blessure qui n’était pas totalement refermée. Il essayait de penser à elle le moins possible, mais c’était compliqué. Surtout en ce moment, alors qu’il venait tout juste de sortir de l’hôpital. Il lui fallait un peu de temps encore. Même s’il ne l’oublierait très certainement jamais. On oublie pas ce genre de personnes, de toute manière. Et il n’avait pas envie de l’oublier comme ses parents l’avaient fait en quittant la ville. Elle méritait qu’on se souvienne d’elle, même si ce n’était clairement pas une sainte.

En tout cas, il ne pensait pas que la conversation irait plus loin, mais visiblement si. Oh, Castiel connaissait Tim, mais visiblement pas aussi bien que son frère. Chose qui était un peu normale en soi. Milo connaissait son frère depuis qu’il était né, et à force, il avait fini par comprendre comment il fonctionnait. « Coince-le dans un coin, il pourra plus t’éviter. » C’était, en quelques sortes, un conseil. Quand il fallait parler à Tim, le mieux c’était de le coincer, sinon il fuyait. Et même là encore, il fallait faire face à son sarcasme, mais ce n’était pas forcément le plus compliqué, une fois qu’on avait compris le bonhomme. « Ça fait quelques jours que je suis rentré oui. » Pas la peine de préciser où il était, même si visiblement, par il ne sait quel miracle, Castiel n’était pas au courant. Pourtant c’était pas bien compliqué à deviner quand on connaissait l’histoire. Et une bonne partie de la ville la connaissait. En même temps, le Register en avait même fait un article quand ça c’était passé. Deux en fait. Un pour l’accident, et un pour sa tentative de suicide à peine quelques semaines plus tard. Ça avait été le drame de l’année, il y a deux ans. Mais les gens oubliaient bien vite quand ils le voulaient.

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Les histoires de cœur de son frère, Milo ne s’en mêlait clairement pas. Il faut dire qu’il n’aimerait pas spécialement la chose si le cas était inversé, ce qui ne risquait clairement pas d’arriver pour l’instant, mais voilà, vous avez compris l’idée. Peut-être que cette fille finirait par briser le cœur de son frère, ou quelque chose d’autre mais bon… Il serait là pour lui quand ça lui arriverait, dans tous les cas. Et il ne pouvait clairement pas lui arriver quelque chose de pire qu’à lui. Et il espérait sincèrement que son frère n’aurait jamais à vivre une tragédie pareille. Déjà que lui, il avait pas réussi à le supporter. Pas qu’il considérait son frère comme étant plus faible ou quelque chose dans le même genre. Mais comme lui, il avait le cœur sur la main, et comme lui, quand il s’engageait dans quelque chose, il ne le faisait pas qu’à moitié. Alors il était certain que ça l’affecterait au moins tout autant. Il voulait juste que son frère soit heureux, peu importe avec qui il devait être pour ça. Comme quoi avoir séjourné dans un institut psychiatrique pendant deux ans l’avait rendu extrêmement ouvert d’esprit sur pas mal de choses.

Puis franchement, avec ce qu’il s’était passé, il était un peu mal placé pour juger les gens, surtout qu’il venait tout juste de rentrer chez lui, comme il venait de le dire à Castiel. Et même s’il était parti pendant deux ans, il avait l’impression que les choses n’avaient pas tellement changées ici. Ç’en était presque flippant en fait. Lui qui avait toujours voulu partir de cette ville, il avait parfois l’impression de s’y retrouvé enchainé et de pas pouvoir s’en aller. « Ouais, je l’ai remarqué aussi. Même s’il a l’air de bien se débrouiller sans moi. » Après, ce n’était pas comme s’il avait eu vraiment le choix. Mais Milo était quand même content de savoir que son frère avait déjà dit à d’autres qu’il lui avait manqué. Surtout que bon, il aurait pu lui en vouloir pour sa tentative de suicide, même si le blond n’avait clairement pas besoin de lui pour culpabiliser. Quand il voyait parfois l’état de sa mère par rapport à ça, ça lui suffisait largement. Il voyait bien qu’elle avait du mal à le vivre, parfois plus que lui, et ça le rendait légèrement dingue ça. Surtout qu’elle n’avait strictement rien à se reprocher. C’était juste lui qui n’avait pas eu assez de force pour supporter un deuil.

La question suivante, Milo avait un peu hésité avant d’y répondre. C’était bien la question un peu bateau la plupart du temps, mais qui pour lui avait un tout autre sens depuis deux ans. Est-ce qu’il allait bien ? Globalement, on pouvait dire que oui. Du moins, il allait mieux, ça c’était sûr. Il avait moins de pensées noires, même si elles étaient toujours présentes à certains moments de la journée. Mais il n’allait pas bien comme tout le monde l’entendait. « Ça va. Je retrouve peu à peu la civilisation. » Pas la peine de mentir en disant qu’il pétait la forme et qu’il avait réussi à se réintégrer en un clin d’œil. Il avait largement encore du travail à faire là-dessus, il le savait, ses médecins le savaient, sa famille le savait. Ce n’était pas un combat gagné d’avance, mais cette fois-ci, il ne comptait clairement pas baisser les bras. Il devait tenir, pour son frère, pour sa mère, et pour le reste de sa famille à défaut de le faire pour lui-même.