Care about me more...
Ce short est un peu grand. Il glisse et nos petites mains peinent à le tenir. Pourtant il faut courir, sinon il va nous trouver. Vite, les escaliers ! Tu ris trop fort, calmes-toi tu vas tomber ! Attention à la marche là, remonte ton short, plus vite ! On va tomber ! NON !
Tu trouves ça drôle ? Notre genou saigne ! Merd-credi, t'entends ? Papa et Maman arrivent ! JASON ! Appelle-le avec moi ! Allez, utilises ta voix bon sang ! JASON ! Allez, bouge, fais quelque chose ! Papa et Maman vont encore nous punir !
- Cheryl ! Qu'est-ce que tu as encore fait ?! Clifford, dit à ta mère de s'occuper d'elle avant qu'elle ne tâche la moquette !
Il est où JJ ? Pourquoi il vient pas ? Tu crois qu'il a peur lui aussi ? Où il nous cherche ? Maman et Papa m'en veulent encore...C'était bientôt notre anniversaire. J'avais dit à Jason que je voulais qu'on le fasse séparément. Je voulais faire un banquet de princes et de princesses. Quand je lui avais évoqué mon idée, il m'avait fait remarquer que pour ce banquet il faudrait aussi des princes, et que donc ce serait mieux si lui et ses amis venaient à ma fête.
On en est venu à faire notre fête ensemble. On a soufflé nos sept bougies, puis nos huit, puis nos neuf, et nos dix... et chaque année, il me persuadait de fêter notre anniversaire ensemble. Au début, je pensais qu'il tenait symboliquement à ce que nous, en tant que jumeaux, célébrions cette journée à deux. Mais à treize ans, j'ai compris. Il insistait pour que l'on fasse une fête pour deux car personne ne voulait venir à la mienne. Tous venaient pour lui.
Je voulais qu'ils m'aiment. C'est pour ça que j'ai lancé cette fête, l'année de mes quatorze ans, cette fête où c'est moi qui offrais les cadeaux. Je voulais m'amuser avec eux, m'amuser vraiment, rire, danser, voir la joie et la sympathie dans leurs regards. J'ai demandé à JJ de ne pas venir. C'était ma fête à moi. Ils devaient venir pour moi.
Seules deux personnes sont venues : Papa et Maman qui m'ont ordonné de tout ranger et de cesser mes enfantillages.
C'est à ce moment-là que j'ai décidé de prendre de l'importance au lycée. Devenir cheffe de quelque chose, me montrer au devant de tous, quitte à intimider les autres pour que personne ne puisse jamais m'humilier comme mes parents le faisaient...
- Nana, pourquoi Maman m'aime pas ?
Tu n'aurais pas dû dire ça. Si elle le dit à Maman, tu vas te faire gronder, et elle va encore te faire mal. Tu veux pas retourner au placard, il fait sombre et c'est humide et y a des bruits bizarres. En plus la dernière fois t'as dû faire pipi dans le coin et Maman t'as encore plus grondée et t'as eu faim longtemps.
Mais c'était qu'une fois. Maman referait pas ça. Maman était en colère mais au fond elle devait s'en vouloir d'avoir fait ça. Au fond Maman m'aime, elle est juste un peu triste.
- Tes parents sont très occupés Cheryl, ils ne le montrent pas mais ils tiennent à toi.
Elle ment. On le voit à la petite moue sur le coin de ses lèvres. Elle fait toujours ça quand elle veut dire quelque chose mais qu'elle devrait pas.
- Cheryl...
Elle murmure. Elle va dire un secret et on comprendra mieux, comme à chaque fois.
- ...tu dois tenir bon... ton avenir s'annonce sombre, sombre... mais grand et loin, loin, une joie immense... fais attention à toi ma petite, les années sont longues avant la liberté...
Quand ça ? Quand je serai libre ? C'est dans combien de temps ? Tu veux savoir, mais ne demande pas. Nana Rose a encore envie d'aller aux toilettes et si tu insistes elle va te demander de l'accompagner pour lui tenir la porte et éviter qu'elle s'enferme encore une fois.C'était ça que présageait ma Nana. La mort de JJ...
Il avait disparu, et je m'en fichais. Je devais montrer ma préoccupation à tous, mais je ne m'inquiétais pas. Il allait me contacter. Un coup de téléphone, un mail, une lettre peut-être, un mot passé par les Serpents pour qu'il parvienne discrètement jusqu'à moi. Un signe. J'attendais un signe, n'importe lequel. Je ne savais pas pourquoi il avait fui. Je ne savais pas qu'il allait se marier à Polly Cooper et qu'ils auraient tous deux des jumeaux. Je ne savais rien de tout ça, je lui faisais confiance pour tout me dire en temps voulus. Je savais juste qu'il devait revenir quand tout serait réglé.
Il était censé revenir.
J'ai encore besoin de toi, JJ. La fois où Maman m'a enfermée dans le placard, c'est toi qui es venu me libérer. Maman m'aurait certainement laissée pourrir là-dedans. Elle s'en fiche, après tout, elle avait eu un fils, ce dont Papa et elle avaient besoin. Ils n'avaient pas demandé à ce qu'accroché à leur héritier sorte un morceau de chair aux attributs désespérément féminins dont ils n'auraient aucune utilité.
Ils voulaient un fils brillant, beau, admiré... et ils l'ont perdu. De nous deux, ce n'était pas toi qui étais censé mourir JJ. Reviens, et je prends ta place. Reviens...
On se calme. On respire. C'est comme tous les autres week-ends. Rien n'a changé. Elle est pareille. Elle a juste décidé de dormir en débardeur. C'est vrai qu'il fait chaud. Tu crois que je devrais me mettre en débardeur aussi ? C'est pas comme si je m'habillais jamais en débardeur et jupe ou autres tenues un peu plus courtes comme ce qu'elle porte là.
Y en a plein des filles qui s'habillent comme ça au printemps et en été. Et puis, j'ai vu pire, après les entrainements les filles se changent dans les vestiaires, et je les aperçois en sous-vêtements, j'ai l'habitude, on va pas en faire tout un plat.
- Tu viens pas te coucher ?
Si si. Elle m'attend. Je suis debout comme une idiote, qu'est-ce qu'elle doit penser de moi ! Bon, je retire mon rouge à lèvres, hop hop hop, et je me glisse sous la couverture. A droite du lit. Au bord à droite du lit.
- Cheryl ?
Oh non, elle doit penser que je cherche à l'éviter. Elle continue de m'appeler ! Je me tourne un peu, sur le côté, comme ça elle verra que je l'écoute.
- Si ça te dérange qu'on dorme ensemble, je peux retourner sur le lit d'appoint...
Non non non non ! Pas du tout ! En fait j'adore ton idée !
- Non, reste.
Je suis trop convaincante pour toi, désolée.
OMG elle a pris ma main ! Elle se rapproche ! ELLE SE RAPPROCHE ! APPELEZ LES POMPIERS, Y A LE FEU A MES CHEVEUX !
- Je veux être un peu plus près de toi, ce soir.
Quelqu'un. Veut être. Près. DE MOI. QUELQU'UN COMME ELLE ! ELLE EST TELLEMENT BELLE AVEC SON DEBARDEUR DE SATIN ROSE ET SES YEUX VERTS D'EAU ET LE PETIT FOSSE SUR SA JOUE QUAND ELLE SOURIT ET COMMENT ELLE ME REGARDE AVEC SES YEUX TOUS PLEIN D'ATTENTION-
- Près comment ?
Je souris bêtement. Elle sourit aussi. Elle s'approche. Très près. Ses lèvres...J'ai fait des centaines de rêves comme ça depuis que Maman a éloigné Heather de moi. J'avais déjà rêvé de garçons avant elle, mais jamais je n'avais pensé pouvoir ressentir de telles émotions pour une fille. Maintenant, je ne peux plus voir une jolie fille sans penser à elle et sans ressentir cette limite terrible qui me sépare de ces corps désirables.
La limite, c'est ma mère, si vos petits esprits eux-mêmes limités par la nature humaine n'avaient pas compris. Elle m'a expliqué que j'étais pervertie par le diable. Mon comportement déviait du droit chemin.
J'essaie d'oublier. J'essaie d'oublier Heather. J'essaie de ne plus penser aux courbes féminines. Je me concentre sur les mecs. J'espère tomber sur le bon, celui qui tiendra à moi. Je pensais l'avoir trouvé il y a quelques mois, mais ce n'était qu'une illusion créée par l'espoir d'être aimée. Archie n'est qu'un hypocrite comme les autres.
Je rêve souvent de partir d'ici. Aller là où je ne serais plus cette garce sans coeur, là où on m'aimerait et où j'aimerais selon mon coeur et non selon les bons vouloirs de ma mère.
Je n'ai jamais connu l'amour, m'a-t-elle dit, sauf pour le gâcher. Elle l'a gâché. Elle a tout gâché. Elle a laissé Papa tuer Jason, elle qui prétendait tout savoir sur tout. Elle a laissé Papa se suicider lâchement. Elle a laissé la famille s'effrondrer, elle me crache sa haine au visage, et je suis la rancunière ? Je suis celle qui envie les autres pour ce qu'ils n'ont pas, c'est vrai... je n'ai pas de liens forts avec les habitants de cette stupide ville, mais c'est toi, Mère, qui m'a rendue ainsi. Je me laisse mourir de faim dans l'espoir d'être admirée, car mon corps est tout ce que je peux encore contrôler.
Que puis-je faire pour que tu m'aimes, Maman ? J'ai de bons résultats scolaires, une ligne parfaite, je suis à la tête des River Vixens et il n'y a pas une personne dans cette ville qui ne m'ait pas vue sur les devants de la scène. Que puis-je faire de plus ? Soucies-toi de moi.
JJ n'est plus là pour le faire. Je n'ai plus personne à mes côtés. Je fais le mal autour de moi, je deviens comme toi, mais je refuse d'en arriver jusque-là. Je veux être avec Jason. C'est là qu'est ma place.
Mon corps est glacé comme le tien. Je ne peux plus respirer, comme toi. Donne-moi ta main JJ, laisse le courant nous emporter. JJ ? Ton front, JJ, qu'est-ce que tu- c'est donc un cri, mon dernier soupir. S'il te plaît Jason laisse-moi partir avec toi.Je ne sais pas pourquoi j'ai survécu. Certains ne voulaient pas se donner mauvaise conscience. Je n'ai même pas réussi à mourir.
Je voulais repartir à zéro. Il fallait pour cela que j'efface le passé morbide des Blossom. Puisque la glace n'a pas voulu de moi, je me suis jetée dans les flammes. Le manoir n'est plus. Thornhill a subi mon courroux.
Je n'ai plus que ça. Plus que ces flammes pour me réchauffer. Les seuls moments où je suis distraite de la douleur se déroulent au lycée, lorsque je peux être Cheryl Bombshell et semer le chaos comme bon me semble. Mais dès qu'il s'agit de rentrer chez moi, mon estomac s'alourdit, mes yeux piquent, mon coeur rate d'importants battements et j'ai l'impression d'être sous la glace à nouveau, étouffée par l'eau qui a accueillit le corps de mon frère. C'est dans ces moments-là que l'envie de faire resurgir les flammes apparaît. J'ai trouvé dans le feu ma rédemption par la destruction. Un rappel à tous de mon existence.
Voilà voilà ! Vous avez aimé ? N'oubliez pas de liker, retweeter, et de vous abonner ! Bisous à tous, bye !
PLUMYTS
️ 2018